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Message par Hélène de Bonneaventure Mer 4 Sep - 21:51

Comme celles qui s'entendent entre les deux côtés de sa feuille. Des frictions comme celles qui se multiplient entre les papillons noirs dans sa tête. Les dernières amènent les premières, les premières doivent guérir les dernières, du moins, Hélène veut que les choses soient telles. Que l'herbe amène avec sa présence du réconfort, et non que son absence la lui retire. Hélène refuse d'accepter que sa scission avec ses six centaines de Mephistopheles, ses démons devenus des diables, soit seulement pensable en l'association à l'un d'eux en plus. Que ce venin serpentin soit soignable par cession à une tentation supplémentaire. "Et même ça", pense-t-elle, à quoi bon se saigner à mettre de belles formes, s'embarrasser d'efforts, sublimer l'acrostiche quand on ne se souviendra que des derniers mots d'une vie ? Peut-être que cela rend les choses plus pures, peut-être que cela les rend plus nobles... mais cela ne souligne-t-il pas simplement leur futilité ?

Des frictions comme celles qui retentissent quand son briquet crée des étincelles, des frictions, sans doute, comme celles qui apparaitront entre elle et quelqu'un d'autre ce soir, qui lui reprochera son comportement. C'est d'ailleurs la raison à sa présence à ce moment dans les jardins de l'académie : fuir le regard de quelqu'un d'autre. De quelqu'un qui lui est cher et qu'elle considère comme une sœur. Fuir un regard qui n'aurait en rien été inquisiteur, fuir un regard qu'elle voudrait ne plus jamais décevoir. Qu'elle voudrait ne plus jamais décevoir en tirant encore sur un énième joint qu'elle s'était promis de ne pas allumer, de ne pas consommer alors que la feuille brûle doucement.

Des frictions comme celles qui suivent la fermeture éclair du gilet qui la sépare du froid, qu'elle a acheté avec Caitlyn, qui lui rappelle encore Caitlyn. Des frictions comme celles de ce soir qui brûlent aussi ses terminaisons nerveuses, à coup de cannabis, à coup de question sans réponse... ou à coup de dénis et d'évidence. Ses yeux rougissent, ses joues blanchissent. La discrète combustion brise le silence, l'expiration de cette fumée blanche brise le silence, les jambes d'Hélène qui se balancent en tapant sur le petit muret sur lequel elle est assise brisent le silence, mais finalement tout le vacarme du monde n'arriverait pas à étouffer le silence. Ce silence en particulier. Ce silence qui se réverbère sur les parois de son esprits terne, figé. Ce silence qui est le seul qu'elle entend en écrasant son joint. Elle sort un livre de son sac, écrit en français. "Harry Potter", comme c'est vieux. Pourquoi le relit-elle ? Espère-t-elle trouver, entre deux pages, des souvenirs de sa vie quand Hélène n'avait pas encore nuit à la scolarité de sa grande sœur de cœur ? Les fictions offrent de l'évasion, de l'oubli pendant un temps, les fictions permettent à l'esprit de se mouvoir loin de ce qui l'emprisonne. Mais les pages tournent, les mots et les phrases s'enchaînent, pourtant, l'esprit d'Hélène est harnaché à une réalité qu'elle hait, qu'elle n'arrive plus à fuir. Elle n'a jamais été accusée d'être instigatrice de problèmes, mais elle sait qu'elle est source perpétuelle de problèmes. En réalité, si, c'est bel et bien elle qui les amène, elle amène des cassures dans les vies qui entourent les restes de la sienne, mais jamais elle n'est source d'aucune accalmie dans icelles. C'est sa faute. Elle le sait. C'est sa faute. Elle s'en rend compte chaque seconde plus que la précédente. C'est sa faute. Ça la frigorifie plus chaque instant. C'est sa faute. "Ça a été, à chaque fois, ma faute." Elle pose doucement son livre sur ses cuisses.

Des frictions comme celles qui gardent ses mains d'avoir froid, mais ce ne sont pas des frictions qui réussissent à réchauffer son cœur.


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Message par Isaïah Mer 4 Sep - 23:49

Sans doute n’y avait-il donc jamais eu plus intrinsèque, plus inexplicable et inexpliqué que l’inlassable friction que son âme sur sa raison. Sans doute n’y avait-il donc jamais eu plus stupide et à la fois plus intelligent que cet énième combat entre la douce rancœur d’un esprit ébahi par la cruauté de la froideur de cette soirée-là et l’infinie mélancolie qui emplissait son cœur alors que ses écouteurs absorbaient le son pour faire le vide dans des pensées emmêlées et probablement vides de tout sens moral et logique. Le bruit de ses propres pas lui semblait s’évaporer, écho de sa propre personne se traînant sur un bitume abîmé, alors que le maëlstrom de sentiments confondus qui déchiraient son cœur et son corps en morceaux épars dans l’air brumeux de Thouhills brisait sa conscience en morceaux. Le rythme qui éclatait ses oreilles, cherchant à annihiler l’extérieur comme dans un réflexe de protection (sans doute dû à l’instinct de conservation de l’espèce, par ailleurs. Isaïah n’est rien qu’un résidu indéfinissable d’une évolution, une poussière dans l’Espace Temps, tout comme moi et toi.) suffisait à l’arracher à la conscience, dans un de ses moments où le cerveau prend le dessus dans un effort dont jamais on ne voulait se rendre réellement compte afin de nous déconnecter.

Isaïah s’arrête un moment. Elle souffle dans ses mains. Les bouts de ses doigts sont rougis, elle a froid. En Angleterre, le climat est par bien trop frais pour quelqu’un qui a passé sa vie en Amérique. Sans doute faudrait-il qu’elle s’y habitue, ou qu’elle mette des mitaines. Isaïah s’en fiche (elle ne s’en fiche pas. Mais c’est ce qu’elle se dit. Comme ça, elle s’en fichera.). Elle fourre les bouts de chair, extrémités de ses membres, dans sa poche, frottant contre le tissu rêche d’un pantalon usé sa peau pour la réchauffer. Ça marche, temporairement du moins. On n’est qu’en septembre et pourtant c’était déjà pluvieux. Ce genre de temps ne lui plaît pas. Pour quelqu’un dont la personnalité est tout de feu, dont l’âme est de lave cristallisée, les temps froids ne font qu’engeler un cœur qui a sûrement déserté il y a déjà bien longtemps.

Elle a des pensées en tête. Des mots. Des idées. Et elle tient un carnet. Il est coincé sous son coude, il est petit, à spirales. Noir, pour ne pas attirer l’attention. Comme elle. Mais ce n’était pas pour cela qu’elle l’avait choisi. Elle l’avait acheté dans une bête papeterie du centre-ville. L’échange entre elle et la commerçante n’avait pas été majestueux. Même plutôt ennuyeux. La femme de 50 ans aux paupières tombantes, déjà bien abîmée par la vie, n’avait fait que prendre son achat sans un mot, avant de mastiquer quelque chose, elle n’avait pas eu le temps de voir quoi, pour le passer mollement sous le scanner, alors que le « bip » caractéristique de ce genre de machines arrivait dans ses oreilles, et que d’une voix mécanique elle avait annoncé le total et pris de ses doigts fins, aux longs ongles cornés, son argent, avant de lui tendre son précieux aux pages blanches. Elle faisait plus vieille que son âge réel. Le fardeau d'une vie triste l'avait usée.

(Le temps passe plus vite quand on est dans ces endroits-là. Ils vivent de l’énergie de ceux qui y travaillent avant qu’on les remplace quand leur conscience sera suffisamment docile pour oublier la tristesse infinie qui se dégage de leur piètre destin, et qu’elle quittera leur corps. A ce moment-là, la société pourra les envoyer dans un coin.)

Du carnet, aux bords abîmés, sont écrites dans un espagnol typique, langue d’Isaïah, quelques notes. Quelques pensées en vrac. Il n’y a aucun fil conducteur. Juste des mots, qui ont pu se glisser hors de son esprit probablement malade. En voici donc quelques extraits :

« Et je pense à cette femme que j’ai appelée maman tout ce temps. »

Je peux presque voir son visage. Une fée aux yeux de miel et aux cheveux de pétrole. Je me souviens d’elle, bien que je me souvienne très peu de ce qui s’est passé avant que je ne vive avec l’armée. Ce qui s’est passé à ce moment là est comme un rêve. C’est flou dans mon esprit. De temps en temps pourtant, surtout quand j’ai une tristesse infinie pour celle que j’aurais pu être, surgit de cette obscurité lointaine un souvenir, éphémère comme une luciole, que je ne peux ni sentir, ni toucher de la main. Dans ces moments-là, je sens une bonne odeur de cuisine et j’entends une voix douce, un peu éraillée, raconter des histoires, avec des mots un peu écorchés, prononcés avec un accent étranger.

« Il m’arrive même parfois de sentir ses bras autour de moi. »

Oui. Ces souvenirs impériaux, fugaces et imprécis d’une autre vie s’accrochent encore à un esprit malade. Ils peuvent même évoquer la mort. Isaïah en est triste (comme tout le monde ayant perdu ses souvenirs. On est tristes d’avoir perdu qui on était réellement. Mais la plus grande peur d’Isaïah, c’est de ne jamais avoir été quelqu’un.) alors elle hausse les épaules et continue sa marche. Dans son carnet, des poèmes, des histoires, des acrostiches. C’est la seule chose qu’elle n’aime pas que Tomie et Richie touchent. Et Richie et Tomie peuvent toucher à toutes ses affaires. C’est de ceux dont elle est proche. Elle les aime, déjà. Sans doute la comprennent-ils dans leur espèce de détresse personnelle.

Mais elle n’est pas en détresse plus que n’importe qui d’autre. Et eux non plus, d’ailleurs. Mais l’odeur de la ganja, volutes parfumées, s’infiltrait dans ses poumons, venant à son cerveau. Le bruit répétitif de semelles qu’on cassait contre le béton venait à son cerveau. Le bruit de pages qu’on effrite, d’un livre qu’on lit, du silex d’un briquet, d’une expiration qui se fait fuyante, tout cela vient son cerveau et s’immisce dans ses sens, alors que sa vision est enfin sollicitée pour découvrir l’identité de celle qui était responsable de l’agitation soudaine du silence de son âme.

Elle était jolie. Sa peau pâle contrastait avec ce qu’elle dégageait, comme aura, son corps semblait froid. Pourtant, elle était couverte. Elle avait de grands yeux, rougis par la consommation de ce genre de substances innommables par ceux qui n’y ont jamais vraiment touché. Isaïah songea qu’elle aurait dû tenter de voir ce qu’il y avait dedans. Mais elle ne le fit pas. On croit par bien trop voir quelque chose dans les iris de l’autre, mais ce n’est souvent que notre propre reflet.
C’était une scène triste. Elle n’aimait pas cela. Elle semblait se recroqueviller sur elle-même, la fille qui avait fumé. Est-ce qu’elle aussi avait peur de ses propres pensées, fuyait sa propre personne, ou un danger encore plus grand ? Elle ne demanderait pas encore. On n’aime pas souvent parler de ce genre de choses, quand on rencontre quelqu’un.

Venant s’asseoir près d’elle d’un pas assuré, calme mais ferme, elle se mit dos au muret, posant son carnet dessus avant de se servir de ses bras pour monter, sans réel effort. Observant le livre, Isaïah murmura quelques phrases qui se trouvaient sur la page ouverte dans un accent français approximatif, essayant de se souvenir de ses cours de français au lycée militaire. Harry Potter. Elle n’aimait pas les livres. Seulement les films, et l’univers. Il y avait une raison. Mais c’était complexe. Et elle ne voulait pas que ça le soit. Il y avait là une fatigue de son âme qui la poussait à ne pas parler pour rien, chose inhabituelle chez elle.

Le joint qu'elle avait eu le temps d'écraser, alors qu'Isaïah, qui faisait une bien infructueuse tentative de structurer sa pensée pour s'adresser à elle d'une manière compréhensible, plongée dans une espèce de contemplation qui pouvait, à raison, paraître malsaine tant son regard perdu semblait vide de conscience, était infumable désormais. Elle n'avait pas réagi à temps. Sans doute était-ce mieux pour la suite de la conversation qui s'amorçait.

« Tu aimes la série ? »

Mentalement, elle se maudissait de cette accroche si stupide. Le livre semblait abîmé, lu et relu, elle imaginait bien la fille laisser courir ses longs doigts blancs sur les pages cornées du bouquin. C'était dans un français hésitant, teinté d'un épais accent américain, qu'elle s'adressait à Hélène, dans une tentative qui se solderait certainement par un échec cuisant, enfin elle espérait le contraire.
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Message par Hélène de Bonneaventure Jeu 5 Sep - 16:22

Même si c'était tout ce dont elle avait besoin à ce moment, Hélène ne désirait en rien une quelconque compagnie. C'est un peu à la manière d'un papillon de nuit qui se brûle sur un lampe incandescente, en retournant toujours le toucher, que la jeune fille voulait sentir ce qui lui faisait du mal : la solitude. Elle n'avait même pas remarqué sa compagnie avant que celle-ci ne s'adresse à elle, dans un français plus imparfait encore que le sien. Ses yeux rouges avaient cligné mécaniquement, comme seule réaction directe, remplaçant un éventuel sursaut ou soupir de surprise. Elle aurait bien serré entre ses doigts une partie du livre, à en réduire l'épaisseur d'une page, pour dissimuler sa contrariété d'être empêchée de s'installer un peu plus confortablement dans son spleen. Mais elle ne toucha pas l'ouvrage, toujours posé sur ses jambes, pour ne pas trahir une réaction désagréable pour cette inconnue. "Un effort." comme elle se sommait d'en faire sans cesse.

"Moins qu'à l'époque. Je les relis plus par nostalgie que par passion."

Hélène corna la page de droite vers l'intérieur et referma son livre autant qu'elle aurait voulu avoir l'inspiration de se fermer, elle, à cette personne. Aussi insignifiant que cela puisse paraître, elle avait vraiment fait une confidence à cette demoiselle. La nostalgie est un sentiment que tout le monde connaît et qui n'amène jamais d'agréables moments, mais qui traduit simplement un manque de ceux-ci. Comme lui manque sa mère, comme lui manque son premier contact avec le cannabis, quand elle la faisait tousser et comater pendant des heures, comme lui manquent les moments où elle avait encore peur d'avoir mal. Mal physiquement car elle n'était pas encore différente, mal psychologiquement car elle n'en avait pas l'habitude... même pas fait l'expérience. Mais ces choses sont lointaines, si lointaines désormais. Ces choses qui donnaient sa sublime à son jardin d’Éden, qui faisaient de lui sa vie, son environnement. Ces choses qu'elle aurait dû cueillir avant qu'elles ne fanent, avant qu'elles ne soient changées en ronces, en souvenirs qui blessent son esprit quand elle essaie de les caresser... non pas "à nouveau", mais pour la première fois, car elle n'a jamais pu les apprécier que dans leurs absences. "La nostalgie." Rien de plus, rien de moins.

"J'ai affaire à une fan inconditionnelle ?"

Hélène reprit rapidement la parole pour être sûre que sa compagnie ne le fasse pas avant elle, amenant par la même occasion la conversation vers des aveux personnels dont Hélène ne voulait pas le moins du monde. Elle ne voulait pas se confier à elle comme elle s'était confiée à Caitlyn. De toute façon, cette fille n'avait rien en commun avec Caitlyn. Et puis, ce n'était pas à elle, ce n'était plus à elle de partager le poids de ses doutes avec quelqu'un d'autre. Et si la conversation en venait à ça, alors c'est qu'elle serait là pour aider cette fille, et non pour encore embarrasser quelqu'un de ses ennuis.


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Message par Isaïah Sam 7 Sep - 19:20

Isaïah n'aimait pas la sensation infime de déranger. Que le plaisir de discuter, de converser, d'échanger, n'était pas partagé. Cette gêne tacite entre les deux interlocuteurs était toujours ce qui la bloquait, ce qui l'empêchait de vraiment dire ce qu'elle voulait dire, quand elle sentait que l'autre n'était pas autant dans la conversation qu'elle l'était. Peut-être était-ce une bonne chose, alors, qu'Hélène eut fait un effort, et qu'elle ne l'aie pas perçu, plongée dans son propre état d'esprit si paisible en apparence mais intérieurement chaotique. Peut-être était-ce une bonne chose qu'elle soit là, fumer seul n'était jamais une bonne chose. Cela n'apportait jamais une quelconque paix, seulement plus de questions, alors que le THC envahissait notre organisme. En tout cas, la métisse n'avait jamais trouvé une quelconque réponse à ses questions en fumant, c'était certain. Mais peut-être en serait-il différent pour son interlocutrice.

"Moins qu'à l'époque. Je les relis plus par nostalgie que par passion."

Elle avait retiré un écouteur, mais Linkin Park s'en évadait, son qui s'évaporait et édulcorait la voix d'Hélène, éraillée, étrangement apaisante. Il y avait un certain confort au fait qu'elles se savaient, quelque part, ensemble dans une espèce de réalité plus ou moins déformée, qui se conformait à certaines règles insaisissables. Que si elles ne partageaient rien, c'était au moins un instant qui les unissait. Et en cela, Isaïah se sentit moins seule. Sa propre musique la renvoyait à un souvenir de sa préadolescence, quand elle avait encore espoir que tout aille bien. Son carnet dit quelque chose à ce sujet, en voici un extrait.

« Et je pense à ces moments où j'étais heureuse, même si je ne le savais pas. »

Je peux presque percevoir encore ces moments. Où Pumped Up Kicks, chanson viscéralement nostalgique, ou nostalgiquement viscérale, je n'arrive pas à faire mon choix, symbolisait des années qui étaient désormais derrière moi. Quand la 3D était naze, quand la musique était bonne, quand les souvenirs semblaient toujours se teinter d'un voile de joie tacite. Je peux encore percevoir qui j'étais, non pas innocente car cela serait mentir, mais peut-être encore naïve, car je croyais que la vie n'était pas pourrie, car je croyais que tout était bien, car je croyais que j'étais quelqu'un de bien. Et si je suis quelqu'un de bien aujourd'hui, pourquoi ai-je toujours cette sensation infime que ça n'est pas réellement moi mais une étrangère qui me regarde faire tous ces choix de merde ?

Est-ce qu'on a arrêté d'être heureux après 2012 ? Pourquoi est-ce que je me rends compte que la vibe n'est plus la même, que tout a changé en cette putain d'atmosphère ambiante ?


« Il m’arrive même parfois de sentir les lambeaux infimes de celle que j'étais avant se désagréger dans les parois de mon coeur déchiré. »

"J'ai affaire à une fan inconditionnelle ?"

Elle avait repris la parole. Pourtant, la Rubis n'avait pas tant pensé. Avait-elle laissé un si long silence ? Et pourtant, elle devait lui dire, quelque chose (ce genre de réflexion arrive toujours très rapidement. C'est un processus de l'esprit, quelque chose qui se fait inconsciemment, toutes ces pensées qui polluent ce que nous sommes et tâchent nos mots.). Alors, tentant de faire un sourire joyeux à Hélène, Isa' songea qu'elle devrait vraiment arrêter de tenter quelque chose quand elle parlait aux gens.

"T'es nostalgique d'un souvenir en particulier ou de l'époque que c'était ?"

Très important pour la suite, notez bien. Car elles étaient singulièrement différentes, dans leur comportement et leurs pensées : rien ne les reliait, si ce n'était un moment passé, dans un univers parmi tant d'autres. Il aurait été normal de songer qu'elle ne pensait pas la même chose qu'elle, élucubrations mentales plurielles et diverses. Détournant son regard de la jeune fille, Isaïah posa ses mains derrière elle, sur la pierre froide, les sortant de son pantalon, pour s'appuyer alors que ses jambes frappaient le muret en rythme avec la musique qui lui parvenait de ses épaules.

"Pas vraiment. Je n'aime pas les livres, j'aime bien l'univers. Mais je n'aurais pas tendance à dire que je suis une fan inconditionnelle. Remarque, tu n'as pas l'air de l'être non plus, si tu ne les relis que par nostalgie."

Nostalgie, nom féminin. Tristesse liée à des choses passées ou que l'on n'a pas connues.

Mélancolie lâche, amertume passée, regret vague d'une chose abstraite qu'Isaïah aurait aimé voir revenir, le temps où le monde était heureux, avant 2012.
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Message par Hélène de Bonneaventure Mar 10 Sep - 16:04

"T'es nostalgique d'un souvenir en particulier ou de l'époque que c'était ?"

Cette question était perturbante. "Les deux" aurait-elle dû répondre, si l'honnêteté était ce qu'elle visait. Un souvenir, des souvenirs comme les premières fois où elle avait ouvert ce livre, ou celui d'avant, celui où elle découvrait, ou elle avait l'envie de découvrir. Et l'époque qu'était celle où Caitlyn et elle se découvraient, apprenaient qu'elles devenaient amies, proches. L'époque où elles étaient dans un internat plein de "gens normaux" et pas, comme ici, dans une école de fou, une école surnaturelle à l'allure, à l'essence repoussante. Un établissement où sa particularité était à cacher, pas un où elle était tout ce qui importait. Ses ailes, c'est peut-être tout ce qu'elle détestait plus qu'elle-même.

"Nostalgique du moment où je découvrais cette série. J'ai jamais réussi à en trouver une autre qui m'a autant plu."

C'était faux. Faux en partie, car, même si Hélène n'avait pas apprécié une autre série autant que celle-ci, ce n'était pas là la source de sa nostalgie. C'était faux, mais d'un faux opaque, qui, si jamais il est remarqué, ne laisse rien paraître derrière que l'idée de refus. Hélène était décidée ; ce soir, elle ne pleurerait pas de nouveau sur l'épaule de quelqu'un. Même si cette fille avait  l'air de vouloir gratter la peinture pour découvrir ce qu'elle cache, rien ne garantissait à Hélène que cette dernière ne cherchait pas simplement à satisfaire sa curiosité, et, quand bien même ça ne fut pas le cas, Hélène en avait assez de ses jérémiades. Elle glissa ses mains dans ses poches, froissant bruyamment quelques feuilles au passage.

"J'étais moins exigeante aussi, ça aide !"

Hélène sorti de sa poche une feuille et son paquet de tabac, en fouillant à nouveau sa poche en cherchant un filtre. Elle n'avait pas vraiment envie de fumer mais ne savait jamais quoi faire de ses mains, et les effets du joint qu'elle avait éteint un peu plus tôt commençaient à se faire sentir, et ils étaient bien plus souvent accompagné de solitude que de compagnie.
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