Les maux du temps [Pv. Kenneth B. Abraham]

Et une journée de plus pour Kenneth. La cabinet servait de couverture à la base mais c'était limite si ce boulot n'était pas plus crevant que de bosser pour la DIO. Enfin quoi qu'il arrive il n'échappait malheureusement pas à la paperasse et aux dossiers, même avec l'aide de la secrétaire. Cependant, il était en forme aujourd'hui, bien que son visage ne révélait pas vraiment grand chose. L'homme avait appelé les patients et il était temps pour madame Mildt de venir dans son cabinet. Evidemment, après avoir serré sa main par respect et échanger les formalités du "bonjour" sans dire le "ça va ?" car on vient pas pour rien, il s'asseyait et l'invitait d'un geste de la main à faire de même.

Il était vêtu d'une sorte de blouse chinoise blanche, un haut typique des médecins en Chine, surtout pour l'acupuncture. Ses ongles étaient propres et elle ne risquait rien la grande dame. Tout était propre dans son cabinet et il y avait des encens brûlant dans le fond. La douce musique de relaxation s'entendait aussi, à un volume faible mais non pas moins audible pour envoyer des messages subliminaux de détente à sa patiente. Il lui demandait de tendre sa main vers lui de manière relâchée pour simplement poser ses deux pouces sur ses veines du poignet, afin de prendre le pouls. En réalité, Kenneth ne suivait que les traditions pour mieux jouer l'illusionniste.

Il avait activé son pouvoir de manière localisée et précise afin de réduire les contrecoups et détailler les flux de la dame. Ainsi, il enchaînait ses questions, toujours droit, stoïque avec une voix grave, profonde et suave, bien contrôlée pour coller avec l'ambiance qu'il essayait d'imposer dans le cerveau de la Mildt. Ses premières analyses révélées par son pouvoir montrait des lésions internes parsemées et relativement importante à ses yeux. Ce n'étaient pas des plaies conventionnelles et il se demandait pourquoi elle avait pas été directement à l'hôpital. Toutefois, il avait de suite compris, ses questions ne seront qu'une mise en scène qui restait intéressante à faire pour consolider le diagnostic. En soi il partait d'un constat un peu basique pour de plus en plus creuser, même si certaines questions pourront paraître bizarre à notre chère professeure de mathématiques.

Kenneth: Faîtes vous des activités physiques régulières et intenses ?

Ulli : J'ai tendance à me dépenser de manière régulière, c'est rarement vraiment intense cependant. Bien que par le passé j'ai peut-être un peu abusé de mes capacités physiques"

Kenneth: "Combien d'heures en moyennes avez-vous de sommeil ? sans compter les possibles siestes, uniquement les nuits."

Ulli : Aux alentours de 7-8 heures, à de certaines rares occasions moins et au alentours de 8-10 heures les week end


A ce moment là, Kenneth fronçait à peine un sourcil, l'air de consolider sa première idée de manière définitive bien qu'il ne savait pas précisément et en détails le pourquoi bien que la réponse était évidente. Cependant, il était quand même relativement alerté bien qu'il ne montrait rien. Sur des blessures, dans les cas courant, dormir autant et manger un minimum sain devrait permettre une certaine récupération optimale pour ses muscles. Une piste se fermait, bien qu'elle était assez mal partie dès le départ.

Kenneth : "Quel est votre métier ?"

Ulli : "Professeure de Mathématiques pourquoi ?"

La dame semblait avoir un rictus simplet sur le visage. Il était toujours stoïque mais une petite partie de lui espérait qu'elle soit juste une sportive acharnée et littéralement surentraînée dans le sens blessure du terme. En tout cas, dans les cas conventionnels, c'est rare observable de telles lésions internes, les calculatrices et les craies sur des tableaux ne font pas ça hélas.

Kenneth : "Dans quel établissement ?"


Ulli : "L'Académie Tsuki... Oui."


Le diagnostic était définitivement scellé, quoi que certains détails sont importants, pour les petits déséquilibres annexes du corps de la demoiselle. Comme il s'en doutait, elle avait un don, particulièrement coûteux en guise de contrecoups.  

Kenneth :"Je vois. Vous mangez équilibré ?"


En un regard, Kenneth montrait clairement à Ulli qu'il avait trouvé la raison de son mal et que la suite n'était que la "procédure" si l'on pouvait le qualifier ainsi.

Ulli : "Je fais en sorte de manger bien équilibré, de quoi garder la forme. J'ai une tendance à aimer le sucré je suppose ?"

Il était pas dans son assiette mais il pouvait sentir des déséquilibres courants, à cause du mode de vie occidental. Rien de bien méchant, mais c'était surtout pour bétonner.

Kenneth : "Effectivement. Petit trouble au niveau de vos reins et du foie. Vous ne dormez pas sur le côté gauche je présume ?"


Il admettait la troll, intérieurement du moins. Mais il n'était pas non plus un filou pour la blague, c'était mieux, de dormir à gauche, car le foie subissait moins de pression.

Ulli : "J'ai tendance à dormir sur le dos ?"


Son hésitation certaine, il l'avait perçu et creusait donc, en partant d'une certaine théorie bien qu'elle était totalement hasardeuse pour le coup.

Kenneth : "Hum...Avez-vous des nuits agitées ?"


Ulli : "Ça peut m'arriver. Peut-être une nuit sur vingt."


Cette précision le surprenait, bien qu'il n'ait qu'un infime rictus de sourire à ce moment précis, invisible tellement il était éphémère.

Kenneth : "Je vois. Je vous prie d'aller derrière le paravent juste ici pour vous mettre en sous-vêtement. Je vais procéder à la palpation et aux aiguilles."


La dame était grande, presque autant que lui. Il observait alors sans son don sa patiente passer derrière le paravent avant de se préparer pour aller vers la table. Il sortait alors une bouteille d'huile essentielle parfumée au jasmin et à la lavande. Il l'invitait à s'allonger. Les palpations évoquaient surement pour le commun des mortels des touchers froids et analytiques, mais son cabinet prenait le meilleur de l'Est et de l'Ouest. Il trouvera les failles plus en détails pendant le massage. La consultation ne durait pas une heure minimum pour rien, c'était sa première après tout. Ainsi, il détaillait les sortes de cicatrices finement détectables de la femme, plissant à peine les yeux pour observer des sortes de tâches, de brûlure, en plus de sortes de résidus de coupures. Intéressant. Kenneth parlait d'une voix tout aussi calme que l'atmosphère régnant dans son antre, pour qu'elle soit parfaitement détendu et que les aiguilles puissent passer sans problèmes.

Kenneth : "Inspirez longuement par le nez madame Mildt, puis expirez à la même durée par la bouche."


Il lui mimait le souffle, lui montrant l'exemple, pour qu'elle soit en harmonie, comme l'est la planète autour du soleil, à tourner, encore et encore. Ses mains, enduites d'huiles, parcouraient les membres supérieurs de la professeur de mathématiques, exerçant une légère pression constante pour épurer les muscles, la détendre, mieux faire circuler le sang. Elle était toute cassée et à ce rythme elle allait avoir des séquelles à long termes. Remontant alors lentement et sensuellement même au niveau des épaules, il s'attardait à démêler ces zones si prisées, si vitales pour l'être humain. Il s'attardait sur tout le haut du corps de la dame, car c'était là la région la plus meurtri. Ses mains  la réchaufferaient, d'une agréable douceur rassurante mais pas nocive ou étouffante. Ainsi, donnant son massage platonique, Kenneth avait furtivement pressé des points précis de manière indétectable si Ulli était vraiment à fond dedans. Il augmentait ses capacités pulmonaires, pour qu'elle respire plus profondément, plus facilement, qu'elle apporte plus d'énergie à ses muscles et ses tissus tout en ayant un odorat plus fin aux encens. Il pressait aux régions centrales des lésions pour concentrer les ressources énergétiques de son corps afin de les réparer en priorité. Ulli ne représentait qu'un schéma, qu'une multitude de route, de péages. Pas besoin de don, maintenant qu'il avait fait le diagnostic, ses maux de têtes ne sont pas spécialement gênant vu l'utilisation peu excessive présentement, que par accoues.  Kenneth passait à la phase finale de sa préparation à la fin de son massage intégral.

Kenneth : "Créez des images mentales par rapport à la musique que vous écoutez. Imaginez les toujours avec un même thème de détente, de relaxation, de paix."


Il prononçait ces mots en posant son pouce sur le sommet du crâne d'Ulli pour toucher un point cérébral assez important pour la suite de sa mise en situation. Il exacerbait son imagination. Sa phrase était là pour forcer une pensée de détente et une fois faîte, elle allait faire un effet boule de neige, le temps de la consultation, comme ça elle ne bronchera pas pour les aiguilles.  Il la laissait donc mariner, pendant qu'il s'essuyait les mains en la regardant, légèrement luisante, même si l'huile a pénétré la peau pour la rendre douce comme la soie et odorante à souhait. Il tirait les aiguilles et les plantait alors, une dizaine. Il n'avait rien besoin de lui susurrer pour qu'elle expire au bon moment, il se calquait sur elle. Kenneth gérait le timing parfaitement et elle avait trois aiguilles sur chaque membres supérieur, une au niveau du haut de la poitrine, l'autre au dessus du nombril et une dans chaque jambe, particulièrement au niveau du pied, le dessous pour être exact. Il glissait un dernier murmure, tout en lui touchant de sa paume son ventre, pour simplement infuser l'énergie afin de favoriser définitivement sa récupération, lui donnant cette sensation de chaleur, de reconstruction progressive.

Kenneth : "Restez comme ceci pendant encore une demi-heure."


Elle ne verra normalement pas le temps passer. Pendant ce temps, Kenneth notait des informations sur son cahier médical, pour simplement faire un dossier à cette future patiente qui reviendra surement souvent à cause du contrecoup de son pouvoir. Elle était programmée pour revenir à elle progressivement lentement mais surement. Elle se sentira nettement mieux, plus en forme, comme si son corps avait trouvé des ressources. Elle aura perdu un peu de graisse aussi, environ 400g-500g. Il fallait bien une dette énergétique puis il avait libéré cette partie d'énergie pour éviter qu'elle soit trop fatiguée. Elle se sentira légère comme une plume, sereine, si tout va bien.

Le demi-heure étant passée, Kenneth s'était relevé en silence pour doucement retirer les aiguilles une à une, les pinçant. Petit à petit, le flux de la professeur revenait à la normale. Elle aura juste une sensation de faim, bien qu'elle sera toute détendu normalement. L'acupuncteur venait poser ses mains à l'arrière de la tête de la dame, massant sa nuque pour le dernier check-up. Il opinait alors en observant son flux, trouvant ça correct, bien que pas suffisant pour palier à ses maux sur le long terme. Il baissait le volume de la musique et parlait d'une voix toujours calme et détendu à Ulli :

Kenneth : Vous pouvez vous redresser. Allez-y doucement madame. Vous pouvez aussi vous rhabiller, la séance est terminée.


Mieux vaut ne pas être brusque dans ce cas de figure. Ainsi, il repartait au bureau et préparait un sac avec le logo et le nom du cabinet. Il y mettait une petite carte de visite et des onguents. Il fallait régler directement à son bureau, il disposait de la borne pour la CB et de tout le toutim classique. Il lui posait alors le sac sur le bureau, tranquillement, pour lui expliquer :

Kenneth : C'est bien destructeur ce que vous avez là. Une seule ne suffira pas à tout guérir sur le long terme, il faudrait vous ménager un peu. Je vous recommanderai une séance toutes les deux semaines et une fois par semaine si cela devient trop récurent.  Il faudrait trois séances pour vous guérir entièrement, sans récidives. Si vous en estimez avoir besoin, je peux vous mettre sur liste prioritaire.


Toujours professionnel, les personnes avec dons sont prioritaires car les conséquences d'utilisation des dons sont plus urgents pour lui à traiter que le reste. Cela représentait aussi des informations potentielles sur les capacités de chacun et donc par conséquent de trouver les probables cibles de "Father". Kenneth alliait l'utile à l'agréable. Il ouvrait le sac et lui montrait des pots de crèmes

Kenneth : Ces onguents sont utiles pour traiter votre peau, pour ne pas laisser ces vilaines cicatrices sur votre corps. Utilisez les le soir après la douche, ne les exposez pas trop au soleil et en dix jours ça sera une histoire ancienne.


Sur le pot, on pouvait lire "Aloe Vera et rose musquée". C'étaient les composants principaux mais il avait aussi d'autres ingrédients "secrets". Il les avait confectionné lui-même avec un peu d'aide annexe pour gagner du temps. Tout était au nom du cabinet. Il lui avait joint aussi un papier de conseil dans le sac. Ne pas fumer, faire du sport, bien dormir, ne pas manger trop sucré et privilégier les aliments à indice glycémique bas, ne pas hésiter à faire une cure vitaminée et en prime juste pour elle, ne pas forcer trop sur le don. Il lui avait aussi laissé une carte de visite du dojo affilié au cabinet.

Kenneth : Cela vous fera 40 livres Sterling. Pour les onguents, satisfaite ou remboursée. Je vous laisse les essayer.


Il lui laissait un fin sourire. La personne stoïque savait tout de même avoir l'air sympathique, bien que ce masque lui colle encore et toujours à la peau. Son regard semblait plus tendre, bien moins dur et aguerris l'espace d'un instant.

Kenneth : Avez-vous des questions quelconque ou des ressentis à décrire ? C'est pour faire progresser le cabinet et récupérer l'avis des patients.

Il appuyait sur un dictaphone à côté de lui sur le bureau et s'apprêtait à noter sans regarder la page en question.

Kenneth avait croisé une jambe, signe de détente afin de mieux écouter la demoiselle. Il joignait ses mains et entrelaçait ses doigts, mettant son menton sur l'extrémité de ses membres supérieurs. Kenneth se sentait un peu obligé de préciser, toujours avec le même air relativement ouvert, bien qu'assez austère et attentif :

Kenneth : Les cicatrices ne guérissent jamais vraiment. Ces onguents vont revitaliser les zones de votre peau afin de les rendre moins visibles. En soi, ça sert surtout à les masquer sur un temps plus ou moins long. C'est un mécanisme à double action.

Il ouvrait un tiroir pour en sortir deux mains faites en résines, avec des colorations spéciales pour mimer une cicatrice. Il lui montrait la différence de teintes. Il aurait bien voulu lui montrer les siennes mais ce serait mal venu et peu productif. Tout ceci n'était qu'un exemple mais il voulait rester pro', rassurer la patiente et lui montrait que la raison de sa présence n'est dû que pour le bien de cette dernière.


Kenneth : Cela dit, quand je parlais de soin sans récidives, c'est des soins sans que votre corps ne subisse une tension identique à auparavant. Concrètement, je peux rebâtir la statue mais rien n'empêche qu'elle se recasse et même si j'y parviens, je perdrai parfois une infime quantité de matière qui sur le long terme sera surement gênant pour vous. Je ne fait que repousser et amoindrir vos maux. Il est important que vous fassiez attention à votre santé, sinon vous viendrez me voir souvent je présume, ce qui n'est pas mauvais en soi mais j'aimerai voir mes patients autrement que dans mon cabinet.

Il lui laissait un sourire très fin, relativement sincère. Il ne montrait jamais ses dents. Pour le coup, il n'était pas réellement naturel, il ne jugeait pas nécessaire de montrer ses émotions, mais la couverture le demandait et au fond, ça lui faisait vraiment plaisirs d'aider les gens. Après tout, venir en aide à autrui restait le but de ses études et son objectif initial dans la vie.

Kenneth : Pour la suite, c'est vous qui décidez. On peut très bien faire des séances au fur et à mesure de vos blessures, ou simplement quand vous vous sentez mal. Je m'adapte.

Il la laissait choisir pour le coup, il avait déjà prononcé son verdict, à elle de voir. Il était souple notre grand Kenneth. Il saura satisfaire la patiente sans réels soucis. Cela dit, il ne fallait pas le considérer comme dieu. Il ne peut prétendre à des miracles.